Le billet de 5000 francs congolais a presque disparu de la circulation à Kinshasa alors qu’il a encore cours légal. La plupart des marchands refusent toujours de l’encaisser. Alors que les banques les mettent à disposition de leurs clients au guichet comme dans les distributeurs automatiques des billets de plus en plus présents dans la capitale de la RDC.
Chez les gérants d'établissements; boutiques pharmacies, cabines téléphoniques, imprimeries ; les écoles voire même les vendeurs ambulants, ce billet de 5000 francs congolais est inacceptable.
« Ici chez nous nous n'encaissons pas ce billet. Lorsque les clients viennent avec, nous les obligeons de le changer dans une station-service où on l’accepte facilement », affirme le caissier de l'imprimerie win-print dans la commune de Barumbu.
« J’ai dû remettre à mon patron deux billets de 5000 FC qu’il m’avait remis pour ma collation. J’avais laissé cet argent à mon épouse qui n’avait réussi à l’utiliser ni au petit marché de Ngaba moins encore au marché de Rond-point Ngaba. Toutes les vendeuses refusaient ces billets, sans en expliqué la raison », explique Mbuta Matondo, chauffeur particulier.
Comme Mbuta, beaucoup de Kinois peinent à utiliser ce billet. Les seuls endroits où ils sont encore acceptés sont les stations-service et quelques supers marchés triés sur le volet.
« Lorsqu'un client apporte ce billet, nous l’acceptons. Que ça soit avec le numéro RC ou pas. Nous manipulons l'argent chaque jour et donc nous savons très bien comment détecter un faux billet même s'il s'agit d'un autre billet que celui de 5000 FC », indique un pompiste de la station Oïl Med.
Un agent du super marché Kin Mart souligne que son magasin accepte ce billet à condition qu'il soit un vrai même s’il est de plus en plus rare de voir les clients les présenter à la caisse.
Le rejet de ce billet a commencé il y a près de deux ans à la suite d’une rumeur faisant état de sa contrefaçon. Certains marchands taxaient les billets de 5000 francs congolais avec les numéros de série commençant par RC de contrefaits. Les premières résistances à l’encaissement n’avaient concernés que cette série avant de se généraliser à toutes les autres. Les appels répétés des autorités de la Banque centrale pour recommander l’utilisation de ce billet sont restés lettre morte.
« La contrefaçon n’est pas seulement une affaire du franc congolais. Le contrefacteur peut opérer sur une monnaie de son choix. En termes de contrefaçon, le dollar américain et l’euro sont les monnaies les plus contrefaites au monde. La contrefaçon évolue de pair avec la technologie. La Banque centrale du Congo consacre d’importantes ressources à lutte contre la contrefaçon du franc congolais », s’était justifié au Potentiel le responsable de la direction de la trésorerie à la BCC, Mulumba Musafiri début 2018.
Le silence a gagné
Si au début de cette affaire, une campagne de sensibilisation et d’éducation civique a été menée en vue d’aider la population à détecter le faux billet et pousser la population à utiliser ce billet de 5000 francs congolais, cela n’est plus le cas aujourd'hui. Actuellement, on assiste à une fervente méfiance de la part de la population kinoise vis-à-vis de ce billet. Elle ne se soucie même plus de savoir si le billet est vrai ou faux, se bornant à tout rejeter.
Lors de la mise en circulation de ce billet à valeur faciale élevée au mois de juillet 2012, la crainte de plusieurs personnes était de voir disparaître les petites coupures du franc congolais sur le marché, suivant une tradition datant du milieu des années 90 au moment où l’économie de la RDC, le Zaïre, avait connu l’une des pires inflations de son histoire. Mais c’est plutôt l’inverse qui s’est produit.
Pourtant dans d'autres provinces, l'utilisation de ce billet de 5000 francs congolais ne pose aucun problème du Kongo-central à la Tshopo.