Les élèves des classes terminales des écoles primaire et secondaire ont repris le chemin de l’école cinq mois mois après l’interruption du calendrier scolaire due à la crise sanitaire liée au coronavirus. Les tenues bleu-blanc ont été de nouveau aperçues dans les rues de Kinshasa ce lundi 10 août 2020. Certains élèves ont perdu les habitudes du réveil matinal et se sont rendus à l’école en retard. Quelques enseignants nouvellement recrutés réclament au gouvernement la régularisation de leur situation salariale, eux qui n’ont pas pas reçu le deuxième palier de leur paie selon les accords de Bibwa.
Mvula est en sixième des humanités à l’Institut Bobokoli dans la commune de Ngaliema. A 7h00, elle est encore à l’arrêt UPN attendant un taxi pour Delvaux où se situe son école. Habillée en bleu-blanc avec un pull-over rose et un masque, cette demoiselle est déjà en retard. L’arrivée à son école est programmée à 6h30 mais elle dit n’avoir pas entendu son réveil sonner pour se lever à temps: “J’espère que je vais très vite reprendre le repère car ce n’est pas toujours facile qu’après près de cinq mois de congé qu’on reprenne facilement la vie comme avant. Je suis largement en retard mais j’espère que le directeur de discipline sera clément envers les retardataires”, lâche-t’elle avant de sauter dans la précipitation dans un taxi.
A l’école La Borne à l’UPN, la rentrée est effective. Les plus jeunes (6e primaire) accompagnés de leurs parents s’embrassent ou encore se saluent par la main mais chacun avec un masque bien couvert. Les parents qui leur interdisent de ne pas se toucher pour respecter les gestes barrières regardent impuissamment leurs enfants se saluer plus loin en leur absence. Les dispositifs ont été installés pour permettre aux enfants de se laver les mains à l’eau avec du savon.
Les plus âgés eux se saluent par les coudes même si certaines jeunes filles se font de câlins en chuchotant entre amies à l’entrée de cette grande école privée. Lucien Mbuyi s’inquiète pour l’avenir de sa promotion parce que le programme était loin d’être terminé: “Je ne sais pas mais je crains pour mon avenir à l’université. Je suis en 6e Biochimie et il y a beaucoup de chapitres que nous n’avions pas abordés et je ne crois pas que nous pourrions le faire en deux semaines. J’étudierai la médecine à la prochaine rentrée académique alors allons-nous rattraper toutes ces matières?”, se questionne cet élève près de la vingtaine bien coiffé.
Dans plusieurs écoles EDAP UPN, Bobokoli ou encore La Borne, les classes qui accueillent un plus grand nombre d’élèves ont été divisées pour faire respecter les gestes barrières édictés par les autorités sanitaires.
La reprise effective a été observée également à Goma, au Kasaï Central ou à Bukavu selon plusieurs médias. Dans ces villes les élèves en classes terminales ont repris les cours. Ils ont un mois pour clôturer cette année scolaire.
Les enseignants nouvellement recrutés ont marché dans différents coins du pays pour réclamer la régularisation de leur situation salariale. Depuis l’instauration de la gratuité de l'enseignement, ces nouvelles unités n’ont pas reçu le deuxième palier de leurs salaires inscrit dans l’accord de Bibwa. Ces enseignants exigent aussi la suppression des zones salariales.
Le chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi lui-même a lancé la reprise de cours ce lundi 10 août en faisant la ronde dans quelques établissements scolaire et universitaire de la capitale en présence de plusieurs autres autorités du pays. Ce calendrier qui s’étale sur un mois permettra aux finalistes de passer les examens nationaux.