Le chocolat est un plaisir gourmand très apprécié par les consommateurs, qui ne les laisse souvent pas indifférents après l'avoir dégusté. La journée mondiale du chocolat est célébrée chaque année le 7 juillet.
En République démocratique du Congo, la plupart des chocolats locaux vendus dans la capitale proviennent généralement de la province du Nord-Kivu, plus précisément de Beni, où l'on trouve plusieurs producteurs de chocolat. Malgré la situation sécuritaire précaire dans cette région, les entrepreneurs qui produisent du chocolat en ville ne sont pas découragés.
"C'est dans les champs, dans les villages de nos partenaires, que l'insécurité est vraiment présente, et cela affecte souvent le prix des fèves de cacao", confie Arsène Kitinga, producteur de chocolat à Beni et co-fondateur des établissements Grenaldi Food qui produit entre autres la poudre de cacao "Grenaldi Kivu". Malgré cette situation, il déclare : "Il faut entreprendre avec les conditions qui se présentent et savoir transformer les difficultés en opportunités". D'autres usines de production ont préféré s'installer dans une zone industrielle, faisant partie du programme du parc, qui vise à créer des conditions de travail optimales. Dans cette zone, on retrouve des bataillons des FARDC, des casques bleus de la Monusco (mission de maintient de la paix de l'ONU en RDC) et des gardes-parc aux environs, précise James Nzanzu, responsable commercial de Virunga Chocolat.
La culture
Il est important de signaler que le cacao n'est pas seulement cultivé dans le Nord-Kivu, mais également dans les provinces Orientale, Ituri et Équateur etc. Cependant, ces provinces envoient leurs fèves de cacao à Beni, car elles ne disposent pas d'installations de transformation. Cela a pour conséquence une forte présence de cacao à Beni, avec des achats effectués par de grandes sociétés pour l'exportation, ainsi que la création de petites unités de transformation et de vente de poudre de cacao.
Auparavant, de nombreux cultivateurs de cacao ne savaient pas transformer leurs fèves en chocolat et les produisaient uniquement pour l'exportation, rapporte Arsène. "Nous étions touchés de voir que des cultivateurs se donnaient autant de mal pour produire du cacao sans savoir à quoi cela allait servir. C'est pourquoi nous avons décidé d'investir dans la production de chocolat", explique-t-il.
Selon James, le choix de la chocolaterie vise entre autres à encourager les efforts des cultivateurs à conserver le parc national de Virunga : "L'idée de la chocolaterie vise à soutenir les efforts de conservation du parc national de Virunga, c'est pourquoi notre chocolat porte le nom de Virunga. Tous les cultivateurs impliqués dans la prise en charge et la conservation du parc méritent des encouragements dans leur agriculture, en trouvant un moyen de transformer leurs produits et de les vendre."
La vente
Malgré les efforts déployés pour produire du chocolat, sa vente n'est pas facile en raison de la concurrence des chocolats importés, généralement moins chers que ceux du pays. "Les chocolats locaux ne sont pas très connus, les gens font plus confiance aux produits importés. Cependant, ce que les gens ignorent, c'est que les produits locaux sont vraiment naturels, notamment les chocolats qui contiennent un pourcentage élevé de cacao, que l'on peut estimer à 80%. En revanche, les chocolats importés sont très avancés dans leur production et utilisent des arômes qui se rapprochent du naturel", explique Jocelyne Musau, propriétaire de l'alimentation Aliments de la RDC qui vend, parmi ses produits made in Congo, des chocolats au détail.
La production
La production de chocolat commence par la réception des fèves de cacao déjà fermentées par les cultivateurs. La période de fermentation dure 7 jours dans un sac bien fermé, ce qui permet aux arômes de se développer. Cette étape est cruciale dans la fabrication du chocolat, car après la fermentation, les fèves de cacao sont séchées au soleil avant d'être acheminées vers les unités de transformation, explique le producteur de Grenaldi.
Il convient de noter que les différentes couleurs du chocolat (noir, brun, blanc) sont provoquées par la torréfaction, une étape qui dépend de la température. Plus la température est élevée, plus le produit tend à être foncé. L'ajout d'autres ingrédients tels que le lait peut également modifier la couleur.
La distribution
Il est vrai que les chocolats locaux ne sont pas largement consommés par les habitants du pays en raison d'une méconnaissance de leur existence et de leur qualité, ainsi que du prix élevé dû à la composition essentielle de vrai cacao. Cependant, certaines personnes découvrent le goût de ce chocolat et en deviennent adeptes. "Actuellement, les gens commencent à comprendre et préfèrent les chocolats locaux en raison de leur teneur élevée en cacao. Beaucoup de personnes qui passent par Beni repartent souvent avec des chocolats de Beni, et même certaines personnes à Kinshasa nous demandent de leur en envoyer", indique M. Arsène.
Certains entrepreneurs congolais ont également choisi d'exporter du chocolat. C'est le cas de Virunga Chocolat, dont le responsable commercial déclare que cette option a été motivée par l'engouement des étrangers pour l'achat de leurs chocolats et la volonté d'emporter du cacao chez eux. "Le parc national de Virunga est visité par des nationaux, mais surtout par des touristes étrangers, notamment européens, qui repartent avec du chocolat et du cacao. C'est pourquoi nous avons décidé d'exporter le produit fini, qui est le chocolat", explique James.
Les producteurs congolais de chocolat se tournent souvent vers les grossistes, notamment les supermarchés. Les clients aisés apprécient également l'achat de chocolat local. En effet, si certains rencontrent des problèmes de faibles ventes ou de notoriété, d'autres sont confrontés à un manque d'équipements adaptés pour le processus de transformation et à la multiplicité des taxes, ce qui représente des défis majeurs dans le secteur de la chocolaterie.
Le marketing
Pour la majorité d'entre eux, le marketing sur les réseaux sociaux, la diffusion à la radio et la participation à des événements leur permettent de mettre en valeur la culture locale et de conquérir des marchés. Jocelyne nous rapporte que les femmes sont souvent les principales acheteuses de chocolat local, tandis que les jeunes sont particulièrement friands de ce produit. Les ventes varient également lors des fêtes, notamment à la Saint-Valentin, où le chocolat noir est le plus vendu.
Pour les consommateurs, le chocolat est un délice qui élimine le stress et procure une sensation de bien-être. Certains le qualifient même de "nourriture des dieux". Cependant, il est important de souligner que l'excès de chocolat peut causer des problèmes de santé tels que l'obésité. Il est donc recommandé de le consommer avec modération pour profiter de tous ses bienfaits.