Le gouverneur de la ville de Kinshasa Gentiny Ngobila avait signé un arrêté le 11 janvier 2020 annonçant la fermeture du Grand Marché Central de Kinshasa (Zando) à partir du 20 janvier pour « de travaux de réhabilitation ». Cette annonce a suscité de la grogne auprès de vendeurs de ce grand espace commercial de la capitale Kinshasa. Arrivé à cette date du 20 janvier, rien ne s’est déroulé comme prévu. La plupart des commerces sont restés ouverts et de nombreux clients absents à cause de cette incertitude. Zando, lui, est toujours dans un état crasseux.
Sur la grande avenue Bokassa plusieurs étalages de vendeurs sont visibles. Les dépôts de vente des produits alimentaires sont remplis de monde même si ce n’est pas comme d’habitude. Plus loin en allant vers l’avenue Kasaï, le décor est le même. Là les vendeurs vendent bijoux, vêtements et objets de beautés à même le sol. Dans toutes les bouches, cette « probable fermeture » du marché. Maman Bijou, la quarantaine vend des produits laitiers nous relate qu’elle aurait attendu plus longtemps pour ouvrir son commerce parce que le mardi 19 janvier, de policiers et agents de sécurité bouclaient les paramètres du marché. « D’habitude j’arrive à 6 heures du matin pour finir mon étalage à 7 heures. Mais aujourd’hui je suis restée l’arrêt de bus en train d’observer tout mouvement. Hier nous avions été alertés par de collègues qui habitent les alentours qu’un dispositif sécuritaire avait été mis en place. Je suis entrée au marché à 9 heures et j’ai commencé à vendre à mon grand étonnement », s’explique-t-elle.
Des immondices jonchent la plupart de grands couloirs de ce marché comme sur Bokassa ou encore l’avenue de l’Ecole. Sur les deux avenues, avec une circulation fluide aujourd’hui, on aperçoit de tas de déchets plastiques et domestiques érigés en montagnes à chaque 100 mètres. Certaines décharges brulent et une fumée toxique s’y échappe, indisposant vendeurs et clients. Un tailleur qui habite le marché central sur l’avenue de l’Ecole est autant surpris que plusieurs que ce marché ne soit pas fermé. Même s’il est contre la fermeture de cet espace commercial, il relève que la faute revient aux occupants du marché et le Comité de gestion : « C’est scandaleux ce qui arrive à ce marché où j’ai passé la moitié de ma carrière professionnelle. Nous sommes entourés d’immondices et ne respirons plus bien. Regardez devant vous cet amas de déchets, personne ne sait l’évacuer, le Comité de gestion est débordé. Mais à cela il faut ajouter la responsabilité des occupants du marché qui ne font plus le nettoyage ‘’Salongo’’ chaque samedi. Chacun attend 10 heures pour ouvrir », regrette ce monsieur dont l’atelier est situé au premier niveau d’un immeuble inachevé.
Sa collègue juste à côté semble connaître les raisons de l’échec de cette fermeture. Maman Honorine dit que plusieurs mamans vendeuses du marché s’étaient constituées en un petit comité pour faire pression sur cette décision qui mettrait en péril leur situation économique. Le Comité se serait rendu auprès de la mère du Chef de l’Etat pour plaider leur cause. Des agents de sécurité avaient bouclé le secteur jusque tard la nuit puis le matin plus rien ne s’était déroulé comme prévu jusqu’à ce que les commerçants reviennent timidement le matin. Toujours d’après la dame, le syndicat qui gère le grand marché rencontrera les autorités de la ville pour que la réhabilitation se fasse progressivement.
A Zando, aucun couloir n’est plus propre en passant par les avenues Itaga, Kato, Luvua, Mbomu ou encore Ruakadingi, boues, déchets plastiques et domestiques sont autant visibles que les marchandises. Les marchés provisoires installés sur les avenues Libération Ex-24 novembre-Itaga, Kanyinda et Kalembelembe peinent à attirer de commerçants. Ces derniers révèlent que la location des étalages coûte cher et des clients ne connaissent pas vraiment ces nouveaux marchés, ce qui demeure un risque pour leurs affaires.
L’année passée, ce grand marché de Kinshasa avait été fermé pour cause de Coronavirus et le gouverneur en avait profité pour entamer des travaux de réhabilitation. Après le déconfinement de la commune de la Gombe le 29 août 2020, rien n’avait été fait, les commerçants avaient poussé les autorités jusqu’à obtenir sa réouverture.