Le 2e match de la RDC contre la Libye était très attendu ce jeudi 21 janvier 2021. En cas de victoire, les protégés de Florent Ibenge allaient se qualifier directement aux 8es de finales. Les Congolais auront vécu 90 minutes d'asphyxie entre désespoir au tout début de match, puis de cris de joie à la fin: une ambiance ambivalente.
30 minutes avant le début du match sur le Boulevard du 30 Juin, des restos et espaces disposant d'une télé se remplissent. Sur les arrêts de bus, on ne parle que de la rencontre avec cette équipe amoindrie par les cas positifs au coronavirus. Personne ne donne la chance au reste de l'équipe privé de son coach principal, lui aussi testé positif. Dans un bus qui quitte le centre-ville pour Kintambo Magasin, des hommes demandent au conducteur de prendre les sauts-de-mouton pour rouler vite afin d'arriver à temps pour le match. Ce dernier s'exécute sans broncher.
A Kintambo Magasin, un des coins de la capitale Kinshasa qui connaît couramment de grands embouteillages, les passagers bondissent de leurs sièges et accourent dans différents lieux de leur choix. Il est 16h57', nous décidons de monter à l'espace "Le Balcon", un des plus huppés du coin.
De nombreuses télés placées dans ce lieu ne diffusent qu'un seul événement, le match Libye-RDC. Ici on mange et on boit en regardant le match. Mauvaise entame de jeu pour les Léopards, les visages se crispent. De critiques fusent déjà. "Sans Ibenge, nous allons perdre", lance un monsieur qui reçoit de regards médusés des autres téléspectateurs. À la 6e minute, les Congolais sont cueillis à froid, but pour les Libyens sur corner (Muetaz Husayn).
Silence total pendant un moment puis "Manque de concentration", "Distraction", "C'est fini" ou encore "Il ne faut pas baisser les bras il y a suffisamment de temps", chacun y va dans son sens pour essayer de tenir jusqu'au bout.
Les personnes qui viennent de prendre place sont surprises par le score d'un but à zéro en faveur des Libyens, elles veulent voir le ralenti.
Les Léopards reprenaient le cours du match et tentaient d'égaliser alors que les serveuses sont débordées et de nombreux clients restent debout par manque de places alors qu'ils ont déjà passé la commande. Poliment, elles demandaient aux clients restés debout de bien s'aligner pour que ceux qui sont attablés puissent bien voir. Plus des 200 personnes pourraient se retrouver au Balcon.
Le match se poursuit et la RDC enregistre beaucoup de ratés sous applaudissements et parfois de regrets de ne pas concrétiser les actions franches. A la 42e minute Ciel Ebengo rate une occasion franche seul devant le gardien, la foule se lève mais le ballon finit sur le poteau gauche du but libyen avant d’être renvoyé par la défense adverse. Des encouragements s'en suivront et l'espoir va renaître.
Mi-temps, avantage pour les Libyens qui résistent aux assauts de l'attaque congolaise et de ses latéraux et ailiers. Au retour des vestiaires, les Léopards vont essayer de pousser mais très vite deviennent nonchalants. L'ambiance retombe de nouveau à zéro, la RDC subit et la Libye en profite pour gagner du temps, ses joueurs tombent à chaque contact avec un joueur congolais. Cette situation agace les supporters Congolais sur place qui croient se faire entendre par l'arbitre malien. Peine perdue. De changements vont suivre du côté congolais mais sans impact réel.
À la 80e minute, les serveuses sont de nouveau très sollicitées, beaucoup veulent régler leurs factures pour quitter le lieu. 90e minute, l'arbitre annonce le temps additionnel, 3 minutes. De gens commencent à quitter la terrasse, certains bras dessus bras dessous, désemparés. Une touche anodine survient du côté gauche du terrain, l'arbitre décide de laisser jouer l'action. La touche est rapidement jouée dans la surface de réparation, la défense libyenne se défend autant qu'elle le peut, Dark Kabangu à la lutte puis William Likuta, ce dernier le décale à Mabanza qui d'un coup fusille le portier libyen, la balle finit au fond du filet. Le DJ coupe les commentaires du match et balance une forte musique et c'était les scènes de liesse partout. Dehors, klaxons, vuvuzelas et de cris de joie pour saluer ce but salvateur.