En temps normal, cette nouvelle aurait fait la une des médias en ligne congolais. Mais ce mercredi 17 juillet, seuls les sites web des quelques journaux ont relayé l’information : en 2021, la RDC organisera les IXè jeux de la Francophonie. Le premier ministre sortant, Bruno Tshibala, l’a annoncé tout fier mardi dans le jardin des Premiers ministres attenant à ses bureaux.
Mais il n’y a pas de représentant des médias en ligne. Selon les informations parvenues à MILRDC, l’Association des médias en lignes de la RDC, Bruno Tshibala n’a pas souhaité convier à sa conférence de presse que les médias traditionnels, suscitant l’ire des patrons des médias numériques de plus en plus nombreux dans la sphère médiatique congolaise depuis quelques années maintenant.
Peu avant la conférence de presse de M. Tshibala MILRDC s’est fendue d’un communiqué pour exprimer sa « consternation » face à cette « attitude discriminatoire et attentatoire au droit constitutionnel » à l’accès à l’information. En attendant les « éclaircissements » exigés au Premier ministre sortant sur son choix de ne pas inviter la presse en ligne, MILRDC a imposé à ses membres un embargo sur « le contenu de cette sortie médiatique » de M. Tshibala.
Eclosion des médias en ligne
Créée en 2017, MILRDC vise la promotion d’une presse de qualité sur Internet, la transformation digitale des médias traditionnels et la création des startups journalistiques https://milrdc.com/. L’Association est constituée à ce jour des seize médias membres et revendique “10 000 000 des visiteurs”. Contrairement aux medias d’autres pays avancés comme la France par exemple, ceux de la RDC ne disposent pas encore d’une plate-forme comme l’ACPM, l’Alliance pour les chiffres de la presse et des medias, qui certifie et donne de la valeur aux chiffres des fréquentations des médias. https://www.acpm.fr/Les-chiffres/Frequentation-internet/Sites-Grand-Public/Classement-unifie
Depuis 3 ans, les initiatives de creation des médias en ligne se sont multipliées dans le pays concurrençant, voire dépassant les médias traditionnels dans la livraison instantanée des informations fiables et de qualité. Une éclosion rendue possible en partie par l’accès à Internet de plus en plus facilité par les opérateurs de téléphonie mobile.
En juin 2018, le ministre de la Communication et des medias d’alors, Lambert Mende, avait publié un arrêté soumettant les médias en ligne à de nouvelles règles, une initiative inédite dans l’arsernal juridique congolais http://www.congoactuel.com/arrete-du-ministre-mende-les-medias-en-ligne-sollicitent-un-moratoire/. Le texte impose notamment aux créateurs de médias en ligne un régime de déclaration préalable et le contrôle des publicités – qui sont déjà rares et fort peu payées – par les institutions étatiques http://www.rfi.fr/afrique/20180616-rdc-medias-ligne-soumis-nouvelles-regles-mende. Les organes de régulation et d’autorégulation de la presse avait demandé la suspension de l’application de ce texte en attendant des propositions en provenance des acteurs de ce secteur.
A l’instar des médias traditionnels, les médias numériques n’ont pas réussi jusqu’ici à définir des modèles économiques viables. Ce qui ne les empêche pas de produire un travail qui suscite l’admiration du public.