Mardi 10 mars 2020, 17h00’. Dans la commune de N’djili, municipalité de l’est de Kinshasa, une ambulance du Programme National des Urgences et Action Humanitaire (PNUAH) accède dans l’enceinte de l’hôpital de l’Amitié sino-congolaise. A bord du véhicule, deux visiteurs inhabituels : la première personne testée positive au Covid-19 en RDC, Faustin Fitika un Congolais résidant en France et son épouse, tous les deux en séjour à Kinshasa. Une admission qui restera gravée dans les annales de cet hôpital.
Ce jour-là, le Covid-19 est déclaré en RDC. Ce mardi, en milieu d’après-midi, les responsables de l’hôpital de l’amitié sino-congolaise reçoivent un appel téléphonique du ministre de la Santé.
« Le ministre de la Santé a appelé le médecin directeur autour de 15h00’ pour lui dire de préparer une chambre afin d’accueillir le premier cas de Covid-19. A son tour, le médecin directeur va informer son staff pour qu’il prenne immédiatement les dispositions nécessaires », affirme Dr Hugues Moro Balume.
A 17h00’, le premier patient arrive en compagnie de son épouse. Ils sont immédiatement isolés dans une chambre au pavillon VIP. Seuls quelques médecins désignés et des infirmiers sont autorisés d’accéder à leur chambre. Tout le personnel soignant est informé. De bouche à oreille, la nouvelle de l’admission de ce patient particulier se répand. D’abord au sein de l’hôpital. Et rapidement dans les quartiers environnants.
Le lendemain, c’est la panique. A l’époque, on en sait encore peu sur le Covid-19. Les seules informations disponibles pour la majeure partie de la population sont liées au nombre des cas positifs et des morts en cascades en Europe. Au regard des systèmes sanitaires défaillants dans la plupart des pays africains, tout le monde crait le pire pour le continent. Les prévisions de l’OMS pour l’Afrique sont, elles aussi, loin d’être rassurantes.
Ce matin du mercredi 11 mars donc, les malades hospitalisés apprennent qu’un patient de Covid-19 se trouve dans le même établissement qu’eux. C’est le sauve-qui-peut. Ceux qui peuvent marcher courent ou se traînent jusqu’à l’extérieur de l’hôpital où des curieux et des nombreux habitants du quartier se sont amassés. C’est l’incompréhension. Car quelques semaines plus tôt, les autorités assuraient qu’un hôpital avait été apprêté à Kinkole dans la banlieue Est de Kinshasa pour recevoir les malades de Covid-19. Ce changement de cap inattendu étonne et choque certains.
« Dans la panique, certains malades qui avaient quitté l’hôpital ne sont plus revenus y compris ceux qui étaient sous traitement pour diverses maladies. Malgré les assurances du personnel soignant, tous craignaient d’être contaminés. Certains malades qui étaient retenus à l’hôpital parce qu’ils n’avaient pas payer leurs soins en ont profité également pour prendre les larges. Bien sûr que l’hôpital a subi des pertes financières », se souvient Dr Hugues Moro Balume.
Deux jours après l’admission du premier cas, l’hôpital va recevoir un autre patient. Puis un autre encore. Et ainsi de suite.
Un mois après son hospitalisation, le premier patient qui aura contesté son état tout au long de son séjour dans l’établissement est déclaré guéri. Il va quitter l’hôpital avec sa femme, elle aussi finalement testée négative.
Un an plus tard, l’hôpital de l’amitié sino-congolaise continue de soigner les malades, dans un environnement plus serein.