Fally Ipupa poursuit ses sorties médiatiques à l’approche de son concert à l’Accor hôtel Arena le 28 février à Paris. Si certains combattants, des Congolais qui s'opposent aux autorités de Kinshasa, appellent au désordre et au boycott de la manifestation, d’autres privilégient la voie de la réconciliation pour un retour définitif de la production sur scène des musiciens congolais. C’est à cause de ce climat que l'artiste congolais a donné une une interview récemment à Paris devant un groupe de chroniqueurs de la musique congolaise. Celui qu’on surnomme “Dicap la Merveille” fustige le comportement de certains combattants qui font des violences meurtrières de Beni un faux prétexte pour interdire aux musiciens de livrer des concerts.
“J’ai joué à Beni dans un stade plein à craquer et aussi à Butembo, vous êtes de grands journalistes de Paris et je vous mets au défi. Faites une descente à Beni et Butembo si tous les bars et terrasses sont restés fermés à cause de la situation sécuritaire précaire qui y règne. Renseignez-vous aussi si notre musique n’y est pas jouée”, essaie d’expliquer Fally Ipupa qui a signé une charte de paix récemment avec un groupe de ces Congolais qui se définissent parfois comme des "résistants-patriotes".
Il juge inacceptable que les personnes situées à des milliers de kilomètres pensent avoir plus de compassion que ceux qui leur sont plus proches. Il dit en outre posséder une fondation qui a versé une grosse somme d'argent pour les victimes des violences à Beni: “Celui qui n’est jamais allé dans le territoire de Beni ne peut jamais prétendre avoir plus de souci qu’un habitant de ce coin. Nous ne cessons de combattre ces massacres sur le terrain et ce n’est pas derrière un ordinateur ou en tournant des vidéos sur YouTube car c’est un manque de respect à ces populations. Pour ça on doit éviter de faire des affaires derrière cette situation sécuritaire qui prévaut dans le territoire de Beni car c’est ce que font beaucoup de personnes. Moi je ne ne peux pas le faire et dans le cadre de ma fondation j’ai offert une ambulance qui coûte plus de 40.000 euros”, se défend Fally Ipupa qui tient coûte que coûte à relancer la musique congolaise sur le vieux continent.
Le territoire de Beni est en proie aux violences de plusieurs groupes rebelles congolais et étrangers depuis plus d’une décennie. De morts ne sont plus à compter dans ce coin situé dans les hautes altitudes à l’Est de la RDC dans la province du Nord-Kivu. Par solidarité aux populations locales, la diaspora congolaise de l’Europe avaient décidé l’interdiction totale de productions sur scène des artistes musiciens congolais toutes catégories confondues. Même des pasteurs étaient interdits de prester. Les Congolais de la diaspora les accusaient tous d’être de mèche avec le régime de Joseph Kabila qu’ils désignaient comme commanditaire de tous ces massacres. Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en janvier 2019, les combattants se sont séparés. Un camp pense que la situation s’est un peu améliorée dans le pays et prône désormais le retour de la musique congolaise mais d’autres estiment que le président actuel travaille encore en étroite collaboration avec son prédécesseur. Ils en veulent pour preuve le fait que les massacres à Beni ne se sont pas arrêtés même si les Forces armées ont récemment lancé une offensive militaire pour stabiliser la situation.