« Ce n’est pas un métier. C’est plutôt un art». Kristen Tshika qui fait cette affirmation est motivateur depuis six ans. « C’est un peu comme chanter, peindre, sculpter, … », enchaîne-t-il. Cet art, poursuit-il, consiste à donner à des individus des motifs qui leur permettent de rendre leurs vies agréables.
Les coachs en développement personnel, les motivateurs sont très tendance en effet. On les voit partout proposer leurs services. Ils ont pris d’assaut les réseaux sociaux, Facebook surtout au Congo. Et YouTube, subsidiairement, où ils diffusent de nombreuses vidéos de leurs prestations.
Le développement personnel renvoie à toutes les activités proposant de développer une connaissance de soi, de valoriser ses talents et potentiels, de travailler à une meilleure qualité de vie, et à la réalisation de ses aspirations et de ses rêves. Les précurseurs de cet art sont entre autres Aristote et Confucius. Kristen nous renseigne qu’en RDC, les pères de cet art sont Blanchine Mazanga, Sam Kalambay, Coach Henri etc. Il nous révèle aussi que dans ce domaine, il figure lui même parmi les meilleurs artistes congolais.
Kristen Tshika fait partie de ce petit cercle à croissance rapide à Kinshasa. Jeune homme dans la trentaine, avec des lunettes qui lui donnent l’air d’un chercheur, le coach fait infiniment plus sérieux que son âge. Il nous reçoit dans un café chinois qui a récemment ouvert ses portes à Gombe, le centre d’affaires de Kinshasa. Les éclats de rire des chinoises assises à la table à côté ne perturbent pas son flegme. Alors qu’il donne l’impression de tirer certaines réponses à nos questions de l’avenue du Haut-Commandement, déserte, qu’il fixe parfois longuement du regard à travers une baie vitrée du café où nous sommes installés.
Coach en développement personnel depuis six ans, Kristen Tshika se retrouver dans ce domaine par hasard. Un peu comme M. Jourdain, le bourgeois gentilhomme de Molière, qui faisait de la prose sans le savoir.
« Je prenais plaisir à aider les gens, à les conseiller, à leur fournir des orientations et à les voir s’accomplir dans les différentes sphères de leurs vies », affirme d’entrée Kristen Tshika. Il servait ainsi d’oreille et d’épaule pour les personnes qui étaient dans les besoins. Les personnes qui l’écoutaient trouvaient souvent dans ses dires des orientations claires pour améliorer leur productivité dans leur travail, explique-t-il.
L’inspiration pour ses conseils, Kristen Tshika la puise « au fond » de lui. « Comme tout art, celui-ci ne s’apprend pas d’abord qu’à l’école, ou à travers des lectures. Il commence d’abord dans la personne elle-même », justifie-t-il.
Étudiant à l’Université de Kinshasa, il va abandonner ses études en 2011, après six années de médecine pour se consacrer totalement à son activité de coach. Parce que Kristen se rend vite compte qu’il peut rentabiliser son activité. Et - pourquoi pas ? - en vivre. Ses premières séances de sensibilisation sont gratuites et se tiennent dans la maison familiale. Le salon lui sert alors de salle de réunions où il accueille de groupes de dix personnes et partage avec eux sur « comment découvrir son potentiel ».
Six ans après ses débuts dans cette activité, Kristen ne fait plus rien gratuitement. Sauf si c’est pour attirer un potentiel client. Il est aujourd’hui conférencier d’entreprise, coach de vie, coach de talent et coach en business. Les études en médecine ne sont plus qu’un lointain souvenir dans sa tête. Il a fini par compléter un Bachelor en Business Administration à Leadership Academia University.
Finalement, ces coachs en développement personnel ne sont-ils pas des marchands d’illusions ? Eux qui apprennent aux autres à longueur des journées les principes, les formules, les trucs et astuces pour réussir dans la carrière ou l’entreprenariat mais mènent dans la plupart des cas une vie modeste. A cette question, le garçon à l’air timide se déchaîne : « Si les ‘coachés’ ne réussissent pas, ce n’est pas la faute du coach. C’est celle des ‘coachés’ eux-mêmes », rétorque-t-il. Au point d’ajuster sa chaise. Pour tenter de mieux faire passer son idée : « Le coach dispose des principes de réussite dans un domaine précis et il les transmet aux coachés. C’est à ces derniers de mettre en pratique ce qui leur a été dit. S’ils ne le font pas, la faute leur revient à eux et non pas au coach », tranche-t-il.
De l’expérience de Kristen, cet « art » peine à décoller en RDC pour deux raisons. « D’abord, dit-il, parce « les Congolais ne sont pas conscients des problèmes qu’ils ont en termes de développement. Ensuite, parce qu’ils ne sont pas prêts à payer…les coaches. Afin de se faire aider ».
Et Kristen Tshika de décrier ensuite « le flou qui entoure cet exercice » très en vogue en RDC.
« Rien ne définit qui peut être coach, comment, quand, avec quel background, etc. C’est le flou total. Tout le monde est libre de s’improviser coach ou motivateur », se désole Kristen qui bien sûr ne se considère pas comme faisant partie de ce groupe. Avant d’appeler « les personnes qui ont besoin de coaching d’être exigeantes dans leurs choix ».
Quand on lui demande ses références, c’est avec un air très sûr qu’il nous renvoie vers son site web https://www.kristentshika.com/ et ses comptes des réseaux sociaux.