Au bord du majestueux Fleuve Congo, le long de l'Avenue du Tourisme sur le tronçon que les kinois appellent Nzela ya mayi (le long du fleuve), s’étalent des lieux de détente assez attrayants. Des terrasses qui permettent de prendre du bon temps, les pieds dans l’eau. En saison sèche, il vaut mieux ne pas rater une journée de détente à cet endroit.
Le fleuve Congo est l’un de plus impressionnant au monde par sa taille (8e plus long fleuve au monde) et par son débit (2e après l’Amazone). Il traverse presque toutes les provinces de la RDC et sépare Kinshasa de Brazaville, les deux capitales les plus rapprochées du monde.
L’avenue du Tourisme qui d’habitude est l’un des tronçons les plus embouteillés de Kinshasa est la principale voie permettant d’accéder aux terrasses de « nzela ya mayi ».
Malgré les bouchons, les terrasses sont bondées de monde week-end après week-end. Même si elle ne révèle pas ses chiffres, Mère double ne cache pas qu’elle fait tout de même des bonnes affaires entre vendredi et dimanche soir.
« Par la grâce de Dieu, je réalise quand même un bon chiffre », se contente-t-elle d’affirmer dans un sourire. Preuve de la progression de son entreprise, le nombre de ses employés. Mère Double est passé de 2 à 4 employés en une année.
« La demande n’a pas cessé de croître. Avec une seule fille en cuisine et une autre comme serveuse, je ne parvenais plus à gérer. Très vite, j’ai été obligé d’embaucher une personne pour renforcer la cuisine et une autre pour renforcer le service de table et l’accueil », explique-t-elle ensuite.
L’accueil est justement un élément capital dans la stratégie d’attraction des clients. À vue d’œil, l’unicité de l’espace au bord du fleuve pourrait faire croire qu’il est géré par une seule personne mais attention ! Chaque chaise, table ou paillote a un proprio différent. Pour orienter les visiteurs vers son espace, mère double, comme tous les autres propriétaires des terrasses autour du fleuve, place des guetteurs le long de l’Avenue du tourisme.
Guetteur rime avec flatteur et c’est bien ça que fait l’employé de mère double qui passe tout son temps à faire les cent pas sur le trottoir de l’avenue du tourisme. Il interpelle tous les passants et déploie son imagination dans un baratin à la carte, selon la tête du client. Comme lorsqu’il interpelle un jeune homme, la trentaine, qui visiblement n’a pas de choix définitif sur la terrasse où il veut s’installer :
« Bonjour grand prêtre, waouh quel beau gars avec une paire des lunettes cartier originale et des Chelsea boot achetés directement sur Amazon… avec l’allure que tu as, tu ne peux pas aller t’asseoir n’importe où ! Je connais l’endroit idéal pour toi. Suis-moi, je vais te montrer ». Sur ce coup, il réussit à séduire le client qu’il ramène chez Mère double. Mais ça ne marche pas à tous les coups.
Miriette fréquente régulièrement les lieux et elle aime bien la bouffe que l’on y prépare même si elle reconnaît que les insectes qui sont dans les marécages tout autour viennent souvent plomber l’ambiance.

Le très célèbre « poulet mayo », la recette grasse made in Kinshasa qui consiste à imbiber de mayonnaise un poulet grillé, coûte entre 12.000 et 15.000 Fc et la boisson est vendue presque au même prix que partout ailleurs à Kinshasa. Le menu est souvent complété par du poisson, de la viande de chèvre ou le poisson en papillote. La cuisson prend entre 20 à 40 minutes et pendant ce temps, les visiteurs en profitent souvent pour faire des photos au bord du fleuve ou parfois même dans le fleuve.
En cette période de saison sèche, le niveau d’eau a sensiblement baissé, le fleuve est presque asséché mais cela ne réduit en rien le bonheur de ceux qui visitent les lieux. Ils profitent de l’absence de l’eau pour s’installer sur les roches du fond du fleuve. Et y faire des photos.
Jeancy, tout de blanc vêtu explique que c’est par sa compagne qu’il a découvert les terrasses de Nzela ya mayi. «Et depuis, je suis carrément tombé amoureux de l’endroit. Le week-end lorsque j’ai le temps, je viens contempler le coucher du soleil et profiter de la brise».

Alors qu’en règle générale, les terrasses kinoises sont des endroits trop bouillants à cause de la musique jouée à un volume trop élevé, celles de Nzela ya mayi font l’exception. Les seuls bruits perceptibles sont ceux que produisent les eaux du fleuve et les véhicules qui passent sur l’avenue du tourisme. Carine aime ça. « Ici c’est naturel et calme. Un meilleur endroit pour s’inspirer », dit-elle même si la fin de sa phrase enchaîne tout directement sur les bruits d’un groupe d’amis qui entonne en chœur « Joyeux anniversaire ».
Seul pour s’inspirer, en groupe pour fêter des retrouvailles ou en couple pour passer du beau temps, les terrasses de Nzela ya mayi sont prêtes à accueillir tout celui qui le veut.