Les Léopards ont offert à la nation congolaise une soirée du genre de celles qui se racontent avec fierté et émotion aux générations futures des nombreuses années plus tard. Ce 30 juin 2019, jour de l’indépendance du pays, au stade du 30 juin du Caire, la RDC – que plus personne n’attendait vraiment à ce niveau de performance – a battu le Zimbabwe par 4 buts à 0 en dernier match de groupe, relançant complètement l’infime chance qui lui reste de jouer les huitièmes des finales dans cette compétition.
« Même s’il nous reste 1% des chances pour nous qualifier, nous allons la saisir », prévenait Youssouf Mulumbu, le capitaine des Léopards, à la veille de ce match couperet. Lui qui n’avait pas encore joué le moindre match dans cette compétition à cause d’une blessure mais avait les éloges de son entraineur pour son retour après avoir été « au-dessus du lot » pendant la préparation de cette CAN. C’est Mulumbu qui va lancer les hostilités et placer la RDC en bonne posture. On ne joue que la 3è minute lorsqu’il récupère un ballon au milieu de terrain et file droit vers le but. Deux défenseurs zimbabwéens n’ont d’autre choix que de le faucher à l’entrée de la surface de réparation. Le coup franc délicieux tiré par Jacques Maghoma va être mal renvoyé par le gardien Elvis Chipezeze qui fait une faute de main. Jonathan Bolingi, en embuscade envoie de la tête le ballon au fond de filets. C’est la 4è minute. Le peuple congolais exulte déjà.
En ce début de match, les choses s’équilibrent. Les deux équipes ont de bonnes opportunités dans une partie très ouverte qui ne laisse pas de place à l’observation. Mais les Congolais ont la chance d’avoir un Matampi de grand soir, impérial dans les airs et dans sa surface. A la 24e minute, il claque de deux mains un corner direct qui a failli de peu le tromper et à la 31e il saute encore plus haut que tous pour prendre sans difficulté un autre ballon sur corner. Les Zimbabwéens qui ont théoriquement plus de chance que la RDC de se qualifier multiplient les attaques, laissant des larges espaces derrière eux. Et les Congolais en profitent. A la 35e minute, en deux passes parties du portier congolais, le défenseur Issama Mpeko d’un extérieur du pied droit lance Cédric Bakambu en profondeur. L’attaquant de Beijing Guoan file seul face à Chipezeze qu’il trompe, lui aussi, d’un extérieur de pied droit. En deux passes et deux extérieurs de pied droit, la RDC mène 2-0.
Les Léopards manquent de peu de planter le troisième pion à la 39è minute lorsque Chadrac Akolo, qui a fait un bien fou à ce milieu congolais, reprend mollement un centre de l’incontournable Issama Mpeko pour finalement envoyer le ballons directement dans les gants du gardien zimbabwéen.
Au retour de la pause, l’intensité ne baisse pas. Les Congolais procèdent davantage par des contre-attaques rapidement jouées. Leur milieu de terrain semble plier, sans rompre. 65e de minute de jeu, Bakambu, encore lui, se retrouve seul face à Elvis Chipezeze qui remplaçait ce soir le titulaire habituel blessé à l'échauffement. Le portier zimbabwéen qui passe une soirée cauchemardesque coupe illicitement la course de l’attaquant congolais et écope d’un carton jaune. Sans trembler, Cédric Bakambu transforme le penalty qui lui est accordé.
L’entrée en jeu dix minutes plus tard de Meschak Elia en remplacement de Youssouf Mulumbu va sonner le glas du parcours zimbabwéen dans cette CAN. Le joueur du TP Mazembe redynamise le milieu de terrain congolais qui accusait la fatigue. Sur une course en solitaire, il décoche une frappe puissante de son pied droit. Chipezeze qui se couche rate son contrôle et relâche le cuir qui atterrit dans les pieds de Britt Assombalonga. Le Congolais n’a plus qu’à pousser le ballon au fonds. A 4-0 à moins d’un quart d’heure de la fin du match, les espoirs zimbabwéens se dissipent. Le but du baroud d’honneur ne viendra pas ce soir. Les Léopards passent même à côté d’un cinquième but lorsque sur un centre caviar de Meschak Elia, Christian Luyindama tente un contrôle difficile à la place d’une reprise instantanée.
Dans une soirée où tout leur aura réussi, les Léopards empochent leurs premiers points dans la compétition avec une moyenne de buts de zéro. Ils vont à présent attendre 48 heures pour savoir si oui ou non, ils joueront les huitièmes des finales. Pour cela, l’un de ces hypothèses suffirait : une victoire du Maroc sur l’Afrique du Sud, une victoire du Cameroun sur le Bénin ou encore une victoire du Mali sur l’Angola. La qualification reste donc possible pour les Léopards.
« On a fait ce qu'on devait faire aujourd'hui. Le reste ne nous appartient plus. Mais forcément, on croit toujours en la qualification. On verra ce qui va se passer. Mais même sans qualification on n'aura pas des regrets ». Ces mots de Chadrac Akolo résumaient après le match le sentiment de joie et de fierté qui animait tout un peuple.