La localité de Binza Delvaux dans la commune de Ngaliema est située dans l’ouest de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. C'est l’une des parties les plus menacées par les têtes d’érosions à Kinshasa. Au quartier Punda, la population rescapée de cette tragédie s’accroche à la vie, malgré le danger très perceptible à cet endroit.
En approchant le grand ravin provoqué par plusieurs pluies diluviennes qui se sont abattues sur Kinshasa, on est tout suite heurté par l’odeur âcre d'énormes tonnes d'ordures constitués des couches des bébés, des pourritures, des épaves que des milliers d'habitants de ce coin jettent à longueur de la journée “pour limiter les dégâts", disent-ils.
À moins de 3 mètres de là, on retrouve Ngoma Diakiese, la tenancière d’un malewa (restaurant de fortune), habillée d'une chemise verte et d'une jupe noire, à l’image d’une membre d'une secte congolaise dont elle est croyante.
“Cette érosion a débuté quand on était encore très jeune. C’est vrai qu'une odeur nauséabonde s'y dégage, mais on n'en peut rien. On paie 10.000 Francs pour qu’on poussé les ordures au fond du ravin, mais les gens continuent de jeter des déchets”, déplore-t-elle.
Lorsque l'on contourne l'énorme ravin qui a déjà englouti la moitié de l’avenue Antoinette (NDLR : avenue Antoinette comme Antoinette Mobutu, ancienne première dame de l'ex-Zaïre) en s’imposant comme l’énorme ex-bateau Kamanyola du feu maréchal Mobutu sur le fleuve Congo (Zaïre à l'époque), on peut juste constater les dégâts. Et ceux-ci s'élèveraient à de centaines des millions des dollars en perte des maisons et autres habitations, englouties par ce monstre terrien.
L’endroit fait peur, lorsqu'on s'en approche. Au moindre mouvement de faux pas, on risque de basculer au fond d’un trou mesurant plus de 50 mètres, et s'écraser pour voir directement la faucheuse ou par chance se retrouver à l'hôpital avec plusieurs fractures. Malgré ces risques, on sent la vie par les cris des enfants qui jouent à côté des demi-parcelles qui restent encore à certains rescapés.
Près du lieu, on localise Michel (nom d'emprunt) par le bing de son marteau qui résonne des échos derrière une maison à deux niveaux, à moitié engloutie et abandonnée par ses propriétaires. Le jeune homme, la vingtaine révolue, s’est créé un emploi en détruisant le reste des fondations pour recueillir des caillasses, les rassembler avant de les vendre.
“Je suis ici chaque jour pour démolir les restes des fondations que je mets de côté pour les vendre en grande quantité. J’habite dans l’une des parcelles emportées par l’érosion”, confie-t-il.
Cette érosion de la localité Binza Delvaux a débuté dans les années 2000. À ce jour, elle a déjà englouti une centaine des parcelles dans au moins 4 quartiers, et fait plus d'une trentaine de pertes en vies humaines.