Lors de son discours ce mardi 31 janvier au Palais de la nation à Kinshasa, le pape François a dénoncé le "colonialisme économique" qui "se déchaîne" en Afrique et en République démocratique du Congo (RDC).
Il l'a dit en présence du Président de la République Félix Antoine Tshisekedi, les autorités et le corps diplomatiques.
"Ôtez vos mains de la République Démocratique du Congo, ôtez vos mains de l'Afrique! Cessez d'étouffer l'Afrique: elle n'est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser", a-t-il lancé dans les jardins du palais présidentiel.
Cet appel résonne tout particulièrement en RDC, pays au sous-sol d'une immense richesse et à la terre fertile, dont les deux tiers des quelque 100 millions d'habitants vivent avec moins de 2,15 dollars par jour.
Le "colonialisme économique" était le fait de multinationales et pays lointains, mais des pays voisins de la RDC sont désormais également accusés d'avoir pris le relais du pillage des ressources de la RDC, qui leur profite économiquement et alimente les conflits qui ensanglantent l'est congolais depuis des décennies.
Le pape a en outre exhorté les Congolais à ne pas "glisser dans le tribalisme et la confrontation" et "encouragé les processus de paix en cours" afin que "les engagements soient tenus".
Le pape argentin n'a par ailleurs pas ménagé la classe dirigeante du pays, appelant à "favoriser des élections libres, transparentes et crédibles" face à la menace de la corruption, alors que le pays se prépare à une élection présidentielle décisive en décembre.
"Que l'on ne se laisse pas manipuler, et moins encore acheter, par ceux qui veulent maintenir le pays dans la violence afin de l'exploiter et de faire des affaires honteuses", a-t-il insisté en présence du président Félix Tshisekedi, candidat à sa réélection, arrivé au pouvoir début 2019 après une élection controversée.
Comparant la RDC à un "diamant", le pape a abordé un large éventail de thématiques telles que l'éducation, la protection de l'environnement, le prosélytisme religieux – allusion voilée à certaines Eglises du réveil, en plein essor - ou encore "le fléau du travail des enfants". "Trop d'entre eux meurent, soumis à des travaux asservissants dans les mines", a-t-il déploré.
Selon le programme, le souverain pontife va dire la messe le mercredi 1er février à 9h30' à l'aérodrome de Ndolo dans la commune de Barumbu. Plus d'un million de fidèles catholiques sont attendus à cette messe, avait affirmé le coordonnateur technique de la visite du pape à Kinshasa, Jésus Noël-Sheke.
Avec AFP