Dans un Stade Tata Raphaël plein comme un œuf, la République Démocratique du Congo, Zaïre à l’époque, devenait le premier pays d’Afrique subsaharienne à se qualifier pour la Coupe du monde en battant le Maroc par 3-0. Les trois buts des Léopards avaient été inscrits par Kembo Uba Kembo (58’,68’) et Ekofa Mbungu (79’). Le match retour qui devrait avoir lieu le 16 décembre de la même année au Maroc n’avait pas eu lieu puisque les Lions de l’Atlas avaient déclaré forfait. Lemag.cd replonge dans cette soirée mémorable sur les informations données par Wikipédia.
Recap de cette rencontre:
Déjà présents au Mexique en 1970, les Lions de l'Atlas étaient alors la deuxième équipe à avoir représenté le continent africain en Coupe du Monde de la FIFA. Leur supériorité de l’époque sur la scène continentale était telle que personne n'a véritablement réussi à les mettre en difficulté lors des tours précédents. A l'heure de retrouver le Zaïre(RDC) et la Zambie pour une ultime confrontation, les Marocains pensaient peut-être déjà à leur prochain voyage en République Fédérale d'Allemagne (R.F.A).
Pourtant, le mythe de l'invincibilité marocaine volait en éclats dès leur première sortie : battus 4-0 par la Zambie, les Lions comprennaient rapidement que leur parcours ne serait pas de tout repos. Pour ne rien arranger, le Zaïre remportait ses deux matchs contre les Chipolopolo de la Zambie. Le Maroc se rendait donc à Kinshasa avec l'obligation de l'emporter, sous peine de voir son adversaire du jour assurer définitivement sa qualification pour la phase finale.
Mais le Zaïre, aujourd'hui RD Congo, possèdait lui aussi une solide réputation à l'échelle africaine, due en grande partie à la réussite de ses clubs sur la scène continentale. De leur côté, les Léopards ont atteint les demi-finales de la Coupe d'Afrique des Nations 1972 au Cameroun. Toutefois, lors de ce tournoi, les Zaïrois avaient été tenus en échec par le Maroc 1-1. Grand supporter de sa sélection nationale, le maréchal Mobutu, le président du Zaïre à l’époque, veillait à ce que ses protégés ne manquent de rien. Sa fortune personnelle a ainsi permis à la fédération de s'attacher les services du technicien yougoslave Blagoje Vidinic. Les joueurs, eux, se voyaient offrir des primes somptueuses sous la forme de voitures de luxe ou de terrains. Le président zaïrois n'hésitait pas non plus à mettre son jet privé à la disposition de l'équipe nationale pour ses déplacements.
Les Léopards ne manquent pas de motivation, mais les Lions en avaient aussi. Le Maroc comptait alors deux points en deux sorties, contre quatre au Zaïre. La Zambie, qui n'avait gagné qu'un seul de ses quatre matchs, est quant à elle déjà éliminée.
Le match
Le Zaïre n'était donc plus qu'à 90 minutes d'un exploit historique. Les chiffres officiels faisaient état d'une affluence de 8 000 spectateurs mais, en réalité, le stade Tata Raphaël était plein comme un œuf. Près de 20 000 supporters zaïrois étaient massés dans les tribunes, sans compter les millions de passionnés qui suivaient la rencontre à la radio. D'entrée de jeu, le Maroc optait pour une stratégie inhabituelle pour l'époque. Les visiteurs se contentaient de défendre en nombre en attendant qu'une ouverture se présente. De leur côté, les Léopards faisaient le siège du but marocain, mais sans succès.
A l'approche de la mi-temps, la tension devenait de plus en plus palpable. Les interventions se faisaient d'autant plus rugueuses que les joueurs zaïrois ressentaient la frustration et l'inquiétude de leurs fans. De retour des vestiaires, un énorme cafouillage dans la surface de réparation marocaine débouchait finalement sur l'ouverture du score en faveur des Léopards. Les visiteurs, furieux, tentaient d'expliquer à l'arbitre ghanéen qu'une faute a été commise sur leur gardien, Ahmed Belkourchi, avant que Jean Kembo uba Kembo ne glissait le ballon au fond des filets, mais l'homme en noir ne veut rien savoir. Trois minutes plus tard, Kembo doublait la mise.
Abattu, le Maroc laissait filer la rencontre, ce qui donnait l'occasion à Ekofa Mbungu, entré en lieu et place de Kembo, de s'illustrer en inscrivant le troisième et dernier but de la partie. Au coup de sifflet final, le Zaïre était donc le premier pays sub-saharien à se qualifier pour une phase finale de Coupe du Monde de la FIFA. Loin de partager la joie de leurs adversaires du jour, les Marocains ne décolèraient pas. Scandalisés du traitement réservé à leurs joueurs, ils iront jusqu'à demander à ce que le match soit rejoué. L'arbitre George Lamptey restera longtemps l'un des personnages les plus populaires du pays.
La FIFA rejetait finalement l'appel des dirigeants marocains qui, en guise de protestation, refusaient de disputer la dernière rencontre. Le Zaïre était déclaré vainqueur 2-0 et se qualifiait pour R.F.A. 1974 en ayant remporté tous ses matchs.
L’histoire va-t-elle se répéter encore en 2022?