Le 13 Août 2013, il y a six ans, une marée humaine se dirige vers le cimetière Nécropole entre ciel et terre. Elle chante en chœur la chanson « Moto ». La dépouille que tout un peuple accompagne vers sa dernière demeure est celle d’Alain Moloto auteur compositeur de « Moto » un chant dans laquelle il implore le feu du ciel afin qu’il vienne dévorer les « anti- valeurs » qui sévissent en RDC. Ya Alain pour certain, Papa Alain ou simplement Alain Moloto pour d’autres, il était non seulement un excellent auteur-compositeur chrétien mais il a, durant les derniers années de sa vie, incarné le rêve d’une RDC reconstruite et émergente. Poète, dramaturge, slameur, auteur, compositeur et citoyen engagé… il était tout à la fois. Un don béni de Dieu pour son peuple.
Alain Moloto est de la catégorie de ceux que les chrétiens qualifient d’adorateur. Au-delà du chant, il savait trouver les mots, les justes mots pour décrire son créateur. Dans ses œuvres, il savait faire ce bel assemblage entre harmonie dans les accords musicaux et dans ses textes poétiques. À l’exemple de la chanson « Tu es ma richesse » qui est un vrai poème mis en musique ou encore « C’est encore possible » ce chant devenu l’hymne de l’ECIDE, parti politique de Martin Fayulu.
Licencié en sciences commerciales, Alain Moloto avait un talent inné pour les lettres depuis le banc de l’école. À l’Institut Supérieur de Commerce où il a fait ses études entre 1983 et 1985, Alain Moloto était réputé être un grand dramaturge.
L’apothéose de son art de poète-musicien se révèle certainement dans l’album « Les fruits de mes lèvres ». Cet album qu’il sort en 2010 après une période de maladie. Il y chante bien sûr à la gloire de son créateur mais aussi à la honte de ses détracteurs. Les fruits de mes lèvres est aussi le fruit d’un travail intense de la part de cet artiste. Il y exécute des chants-poèmes d’une qualité impressionnante. En lingala, les textes sont simplement sublimes et dénotent l’éclectisme de l’artiste ressortissant de l’Équateur qui est né à Kisangani, qui a fait des études à Lubumbashi et à Kinshasa. Il n’est pas abusif de le classer aujourd’hui dans la catégorie des pionniers du slam congolais.
Alain Moloto, c’est aussi cet « écloseur » des talents qui n’était ni chiche ni égoïstes. Rarement, il fait des leads vocaux dans ses nombreuses compositions. Il savait déceler des talents et les faire éclore. En 1989, il crée le groupe « La main de l’Éternel » qui deviendra neuf ans plus tard le Groupe Adorons l’Éternel. Les jeunes hommes qui l’entourent à cette époque sont aujourd’hui des grands conducteurs de louange et d’adoration dans la communauté chrétienne en RDC et ailleurs à travers le monde : Franck Mulaja qui a initié le groupe Echos d’Adoration, Henry Papa Mulaja devenu pasteur de l’église source féconde, Athom’s et Nadège Mbuma couple pastoral de l’église Phila Cité d’exaucement, Trésor Bibi, Francis Semi, Anne Keps, Mireille Basirwa etc.
Son groupe figure parmi les groupes congolais qui ont réussi à résister après les décès de leurs initiateurs. En 2016, GAEL a même sorti un album, Sublime parfum qui chante. Le groupe a également un évènement annuel, Sanjola, qui rassemble les milliers de mélomanes et d’adorateurs. Cette année, le rendez-vous est fixé au 18 août à partir de 16h 30’ au Parking du Grand Hôtel Kinshasa.
Ensemble pour la délivrance de la Nation
En tant que citoyen, Alain Moloto porté particulièrement son pays dans son cœur. Plusieurs passages de ses chants font expressément allusion à la restauration du pays. Comme ici dans le titre « Soleil levant » : « Oh seigneur Jésus soleil levant, viens régner au milieu de nous, nous voulons être un peuple qui t'adore. Viens inscrire ton nom dans les annales de la République seigneur, dans la paix qui fera lever ta gloire. Que mon pays soit ton sanctuaire, le sion de ta majesté et ta main pour changer l'image du monde. Fais lever l'étendard de ta gloire au sommet de toute la nation
nous voulons te magnifier Jésus. Et que l'hymne de mon peuple soit un cantique d'adoration pour sceller nos intimités seigneur ».
Quelques mois avant les élections de 2011, Alain Moloto lance la plateforme Ensemble pour la délivrance de la Nation (EDEN), une initiative chrétienne qui permettrait de prier pour le redressement de la RDC. Comme le groupe GAEL, EDEN subsiste encore six ans après la mort de son initiateur.
Avec EDEN, Alain Moloto avait clairement dans son viseur les autorités politiques de l’époque. Selon lui, les autorités étaient « corrompues et occultistes ». Il en appelait clairement à l’instauration d’un nouvel ordre politique en RDC, un ordre totalement chrétien. Avant, comme après sa mort, plusieurs personnes estimaient que son discours à EDEN dérangeait énormément dans la classe politique.
S’il est vrai que l’artiste ne meurt jamais, Alain Moloto lui vivra toujours. A travers l’œuvre de Dieu qu’il a sublimée. Et de nombreux serviteurs qu’il a réussi à former.