Les rappeurs d'origine congolaise ont la main mise sur le rap français. C’est ce qu’a révélé un dossier du journal Le Monde sur le rap business en France.
Ces dernières années, les rappeurs tels que Ninho, Damso, Gims, Niska, Koba LaD fracassent les marchés du disque à l’Hexagone. Ils ont tous un point commun le “Congo”.
“Les rappeurs d'origine congolaise sont derrière un quart des albums de rap vendus en France durant les dix dernières années. Bien que les Congolais ne représentent que 0,2 pourcent de la population française, selon INSEE”, révèle Le Monde.
D'après l'anthropologue canadien Bob White, cité par Le Monde, les raisons du succès des Congolais sur le rap français est purement historique. Il s’agit de “La tradition ancienne des chants et des danses, la religion chrétienne qui encourage la pratique musicale du chant et la danse, et le lingala, une langue mélodique parlée au Congo”.
Lors de la traite négrière du 15e siècle, de nombreux noirs sont déportés en Amérique, notamment à Cuba. Et là-bas, ils participent à la naissance d'une musique appelée “rumba cubaine”.
C’est au début du 20e siècle que les marins apportent les disques de la rumba cubaine au Congo dont la sonorité attire naturellement les pratiquants congolais de la musique à l'époque. Ils la modifient pour faire ce qu’on appelle aujourd'hui “la rumba congolaise”.
Mais pour que cette musique s'étende à travers le monde, il a fallu l'appui des promoteurs. C’est à la fin des années 1940, qu’un commerçant Grec installé au Congo au nom de Nicolas Jeronimidis enregistre et diffuse le premier disque de la rumba congolaise, avec l’appui l’apport de la radio nationale congolaise, et plus tard, l'intérêt du président Mobutu Sese Seko qui finance les artistes à partir du début des années 1970.
La liaison entre le rap français et le Congo se fait au moment où plusieurs rappeurs d’origine congolaise ont des parents issus de la rumba congolaise, entre autres, Gims (fils de Djuna Djanana), Youssoupha (fils de Tabu Ley Rochereau), Ninho (fils de Serge Kiambukuta)…, suivie de la religion dans la diaspora. “L'église est une école de musique. Il y a de représentations tous les dimanches et donc il faut jouer", lâche l'anthropologue Anna Cuomo.
Le dossier souligne aussi le travail des pionniers (comme le groupe Biso na Biso) qui, à la fin des années 1990, mettent les nouvelles sonorités africaines dans le rap français.
Plus tard, les nouvelles générations introduisent les nouveaux styles comme de pratiques héritées des Atalakus.
À la fin, il y a le rôle de l’image : la musique congolaise, c’est le spectacle, la danse, la chorégraphie, l’habillement (la sape), et cela se marie bien avec le rap.