Dimanche 30 juin 2019, Kinshasa s’est endormie dans la joie. Et pour cause : les Léopards qui jouaient leur dernier match de poule à la CAN ont brillé et largement dominé au score leurs adversaires du jour, les Warriors zimbabwéens.
Pourtant, beaucoup de supporters n’avaient pas pris d’assaut les bars à foot au coup d’envoi de la partie, leurs cœurs n’y étaient pas tellement. Au regard de la prestation calamiteuse contre l’Ouganda (0-2) et les imprécisions contre l’Egypte (0-2).
Les inconditionnels des Léopards, eux, ne s’étaient pas fait prier tellement ils ont juré d’accompagner les fauves congolais dans les bons comme les mauvais jours.
Kaba, conducteur de taxi-motos à Kintambo Magasin est l’un de ces inconditionnels. Ce dimanche soir, il répond à ses amis qui le chambrent en prédisant l’élimination le soir-même des Léopards. « Notre équipe adore les situations délicates, celles qui nous paraissent improbables. C’est là que nous démontrons que nous sommes des léopards, des vrais chasseurs de gibiers », affirme-t-il avec aplomb. Lorsqu’il veut aller plus pour prendre des exemples qui appuient son argument, tous ses collègues, telle une meute de loups enragés lui crient dessus, l’obligeant à se taire. Il leur donne tout de même rendez-vous à la fin de rencontre.
« Nous n’avons pas une équipe, mais une sélection », « nous n’avons pas un coach mais un sélectionneur », « Nos athlètes sont des vétérans qui n’ont pas les jambes solides pour cette compétitions »… Les commentaires négatifs sur la prestation des Léopards lors de deux précédentes rencontres sont encore sur plusieurs lèvres.
Les rues ne sont plus assez désertes comme avant. La plupart des supporters semblent plutôt vaquer à leurs occupations. Mais dès la quatrième minute déjà, une forte clameur monte sur Kinshasa, synonyme de premier but. Les rues se vident, les terrasses s’emplissent. Même si on n’y pas encore vraiment, mais l’intérêt revient. Kaba, retrouve de la voix.
« Donnons-leur un peu de chance, on ne sait jamais », affirme-t-il en direction de ses amis motards qui lui répondent cette fois-ci par le silence.
Lorsque Cédric Bakambu creuse l’écart en marquant le deuxième but, la clameur que pousse Kinshasa est plus lourde encore. Les commentaires optimistes se font plus nombreux et insistants. Devant les adjoints auto-nommés du sélectionneur se multiplient balançant tactique et plan de jeu comme si Florent Ibenge les écoutait. Ce dernier se voit d’ailleurs gratifier des surnoms aussi flatteurs que « le Zidane congolais », en référence à l’ancien n°10 des Bleus qui a remporté successivement trois trophées de Ligue des champions européenne comme entraîneur du Réal Madrid.
Lorsque les Congolais marquent leur quatrième but, un speaker s’improvise dans la foule et demande à ce que soit acclamé Martin Fayulu, l’opposant congolais dont les quatre pneus du véhicule ont été crevés par la Police plus tôt dans la journée pour l’empêcher de prendre la tête d’une marche qui n’avait pas reçu l’aval des autorités. Il est « l’homme qui s’est sacrifié pour la victoire de ce soir ». Dans le cœur de Kinshasa, le foot mêle politique, culture et surtout fête y compris entre parfaits inconnus heureux de s’appeler tous « frères » le temps d’un match de foot.
Lorsque les Congolais marquent leur quatrième but, un speaker s’improvise dans la foule et demande à ce que soit acclamé Martin Fayulu, l’opposant congolais dont les quatre pneus du véhicule ont été crevés par la Police plus tôt dans la journée pour l’empêcher de prendre la tête d’une marche qui n’avait pas reçu l’aval des autorités. Il est « l’homme qui s’est sacrifié pour la victoire de ce soir ». Dans le cœur de Kinshasa, le foot mêle politique, culture et surtout fête y compris entre parfaits inconnus heureux de s’appeler tous « frères » le temps d’un match de foot.
Et Kaba qui lance à ses amis “je vous l’avais dis, nous sommes maîtres des situations improbables ”. Emportés par l’euphorie de la victoire, ils lui lancent en guise de réponse “Eloko ya Makasi”.