Le Rwanda a de nouveau été cité lors de la récente attaque du groupe rebelle M23 contre les positions des Formes armées de la RDC dans trois localités du territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Paul Kagame, le président rwandais, a nié jeudi 27 janvier dans Jeune Afrique toute implication de son pays dans cette incursion. Il a par ailleurs demandé au gouvernement de Félix Tshisekedi de décider de quelle manière gérer cette affaire.
« Aujourd’hui, la RDC doit décider de quelle manière elle veut gérer cette affaire. Certains proches de ces rebelles sont au gouvernement, à Kinshasa, ou vivent en RDC. D’ailleurs, les autorités congolaises reconnaissent elles-mêmes que les éléments du M23 devraient être chez elles », a déclaré Paul Kagame dans une interview à Jeune Afrique avant d’ajouter : « Quand le M23 s’est désintégré, certains de ses éléments sont venus au Rwanda, d’autres sont allés en Ouganda, d’autres enfin sont restés au Congo. S’agissant de ceux qui sont au Rwanda, nous avons régulièrement parlé de leur sort avec le gouvernement de Joseph Kabila, puis avec celui de Félix Tshisekedi. Nous avons fait comprendre [à nos pairs] que nous avions désarmé ces individus, qu’on les avait mis dans des camps, et que nous devions surveiller leurs activités. Cette situation n’a que trop duré. Nous avons donc demandé aux Congolais de les reprendre, quel que soit l’endroit où ils les mettent ».
Par ailleurs, le président rwandais refuse l’hypothèse que le groupe M23 soit soutenu par son pays. « Les Ougandais ont dû formuler la même demande, puisque beaucoup de membres du M23 se trouvent encore chez eux. Certains sont eux aussi dans des camps, mais un groupe, dirigé par Sultani Makenga, s’est installé près de la frontière commune entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, du côté ougandais. Il est là depuis deux ans et continue à mener des attaques en RDC. Nous en avons parlé avec les autorités congolaises, et une équipe de vérification a été emmenée à l’endroit précis où ces éléments sont installés. Dire qu’ils sont associés au Rwanda est donc un non-sens », a-t-il expliqué.
La rébellion du M23 est née à la suite des revendications sur le respect d’un accord de paix entre le gouvernement et les rebelles de l’ex-CNDP signé le 23 mars 2009 à Goma. Partis des collines surplombant la localité de Bunagana, 70 km de Goma, les rebelles avaient réussi en quelques mois à prendre le contrôle de la capitale provinciale du Nord-Kivu avant en d’être délogés par l’armée appuyée par les casques bleus de la brigade d’intervention de la MONUSCO. Les rebelles en débandade avaient alors trouvé refuge en Ouganda et au Rwanda voisins.