Depuis quelques semaines à Kinshasa la montée des prix et les diminutions de quantités des pains des boulangeries industrielles et artisanales bouleversent la quiétude des habitants de la capitale congolaise. Les fournisseurs de cet élément nutritif évoquent la crise russo-ukrainienne pour expliquer cette situation. REPORTAGE
À l’entrée de l’avenue Kabinda au quartier Beau Vent dans la commune de Lingwala, un imposant bâtiment d’au moins 400 mètres de longueur émaillé d’un décor de la mascotte de la boulangerie Pain Victoire longe l'allée. Ici, pas question de faire plus de 10 mètres sans voir une "maman" avec un bassin rempli de pains sur la tête. À côté de la boulangerie, une vendeuse de pain explique à un client que le pain de 200 Francs n’existe plus. “Tu viens d'où comme ça, ici on ne vend plus le pain de 200. A la place, tu peux prendre le gâteau", dit-elle.
Dans l’enclos même de la boulangerie, les pains sont omniprésents et l’odeur du pain chaud envahit le nez des toutes les personnes présentes. Un entrepôt de plus de 150 mètres accueille les gens en majorité les femmes qui sont venues récupérer leurs commandes. Dans le brouhaha caractéristique de cet endroit, Annie affirme avoir protesté comme beaucoup d'autres revendeuses contre le prix du 750 FC qu'affiche désormais la boulangerie : “C’est notre droit de revendiquer et on l’a fait, le pain carré de 750 FC est revenu à 500 FC. D’ailleurs, ils augmentent les prix des pains sans augmenter notre commission alors que ça ne devrait pas se passer ainsi”.
Pour la quantité du pain qui diminue et la hausse des prix, la raison évoquée par un livreur de cette usine de panification est la crise de blé qui frappe le secteur depuis l'invasion russe en Ukraine.
“Le blé est devenu très rare sans compter, certains éléments qui se retrouvent dans la farine proviennent de l’Ukraine… Raison pour laquelle nous cherchons à s’adapter face à ça”, a-t-il expliqué qui a requis l’anonymat.
Du côté de la boulangerie artisanale, l’ambiance est la même. Sauf qu'ici on a opté pour la diminution de la quantité plutôt que l’augmentation des prix. Junior Wamba, la trentaine, chef d’équipe de la boulangerie Mafuta à Ngaliema explique : “C’est qui a causé l’augmentation du prix des pains est la montée du prix de la farine. si Pain Victoire a augmenté le prix du pain par contre nous, on a diminué la quantité du pain. Les blé est devenu très rare au point que nous avons aussi diminué notre production à 5 sacs. Tout le monde dit que la quantité du pain a beaucoup diminué, mais nous n’avons pas d’autres choix”, explique-t-il debout à côté d’un four à bois.
L'huile pose encore un énorme problème aux boulangiers et aux vendeuses des pains à la moambe. Un bidon de 25 litres se vend maintenant à 103 000 francs contre 83 000 francs il y a quelques temps. “Moi, je compte déjà de commencer à vendre la moambe à l’équivalent du prix des pains”, a ainsi décidé une vendeuse qui ne veut pas faire des pertes.
Le prix du pain carré - rectangle en fait - de 750 francs a été annulé. Le pain de la même quantité est revenu à 500 francs. Le pain kanga journée qui se vendait à 200 francs n'existe plus, mais coûte en ce moment entre 300 francs et 500 francs et le gâteau de 100 francs se vend maintenant à 200 francs.