La Halle de la Gombe a refusé du monde vendredi 14 juin. L’espace d’un soir, européens, asiatiques, américains et africains ont eu pour dénominateur commun : le jazz. Cette musique exportée aux Amériques par les esclaves qui travaillaient dans les plantations de coton est revenue sur ses terres.
Lorsque Orphée Shungu Wembadio, la fille du célébrissime Papa Wemba, ouvre le festival avec un petit retard de 2 heures 45’, le tables des terrasses et restos aménagés à l’occasion de cette fête se vident. Tous leurs occupants filent droit vers la grande halle où la Bracongo, l’un des sponsors, a placé un podium géant.
Les sonorités sont très douces au départ. Au fil de l’exécution des différents morceaux, les rythmes parlent de plus en plus aux cœurs, l’émotion grimpe. Surtout lorsqu’est exécuté Freedom du Français Gérald Toto, accompagné des applaudissements du public. Juste avant que le même Toto suscite l’embarras des Européens présents avec Le vrai sauvage. Un chant dédié au passé peu glorieux de l’esclavagisme.
L’intérêt du public est de nouveau capté lorsqu’Orphée annonce que le 14 juin est la date anniversaire de Papa Wemba mort il y a 3 ans après un bref et foudroyant malaise sur scène. Le public entonne alors à l’unisson un chant en l’honneur de celui qui restera à jamais dans les mémoires comme l’un des plus grands chanteurs congolais de tous les temps.
Mélissa Laveaux va apporter du rythme. À l’entame de chacune de ses chansons, elle en fait une traduction en lingala grâce à un dictionnaire installé sur son smartphone. Chaque mot qu’elle prononce fait éclater de rire le public qui ne s’empêche de corriger ses phrases mot à mot. Pour sa première prestation dans un pays d’Afrique subsaharienne, Mélissa est impressionnée par la chaleur et l’énergie que dégage le public kinois. En plus d’avoir une belle voix, Mélissa a une touche particulière pour la guitare. Il n’y a pas que ça, elle a une bassiste exceptionnelle et un batteur qui a de quoi faire trembler un édifice. Le cocktail est parfait pour enflammer la soirée. Et Mélissa a bien su le servir. En 30 minutes toute la halle était emportée grâce un peu aussi à la Tembo, la bière officielle du festival, qui commençait aussi à faire ses effets.
Lorsqu’Orphée reprend de nouveau le micro, c’est pour inviter le public à changer de scènes et à se rendre vers Sunset pour y suivre une performance de la chanteuse angolaise Aline Frazão. Entre elle et le public, c’est une vraie alchimie. Elle entonne un titre, le public répond en chœur. Elle effectue quelques pas de danses, le public les reproduit aussitôt. Elle casse la baraque lorsqu’elle se met à chanter en lingala en décrivant les réalités de Kin.
Retour vers la scène Sunrise. Difficile de se frayer un chemin avec ce public qui a grossi au fil des prestations. Il est 22h passé de quelques minutes. Le groupe afro-cubain Que Vola va emporter le public avec son jazz contemporain mêlé de rumba. L’un après l’autre, les mélomanes dans l’assistance commencent à vider les lieux. Pour se reposer et revenir le lendemain sûrement. La diva Barbara Kanam, le maestro Lokua Kanza et Maïka Munan seront présents sur la scène du Jazz Kif pour clôturer la fête.