Une urgence sanitaire s'impose à Kalehe. Les rivières sont polluées, les corps en décomposition remontent sur la surface du Lac Kivu après environ une semaine de la catastrophe survenue la nuit du mercredi à jeudi de la semaine passée.
En effet, le village de Bushushu et Nyamukubi sont exposés à des grands risques.
La croix rouge craint que ce phénomène soit à la base des maladies épidémiologiques.
"Il y a danger et risque de choléra. Il y a des rivières qui sont là. Si jamais tous ces corps en décomposition se déversent dans les rivières, par la suite dans le lac, les gens pêchent dans ce même lac qui est pollué, à ce niveau les gens vont consommer cette eau du lac car toutes les structures d’eau ont été endommagées et sabotées. Donc tous ces risques sont liés à ça. La pollution des eaux avec risque de maladie de choléra est probable", a déclaré le communicateur de la Croix-Rouge du Sud-Kivu, John Kashinzwe.
"On craint l'épidémie parce que les corps se trouvent dans les décombres. Les corps sont couverts par une coulée boueuse, quand la pluie va tomber encore, il y a lieu que cette pluie ramène toute la partie de la boue à la surface vers le lac, et ça va ramener les corps qui sont dans les décombres à la surface et qui sont déjà en décomposition. Il y a des risques de maladies" a-t-il rajouté.
De maladies hydriques en vue ...
Pour sa part, le Médecin traitant à l'hôpital de Monvu, Pacifique Chirhalwira a indiqué qu'à l'avenir il y aurait risque des épidémies car les personnes qui sont encore sur la zone où s'est produit les inondations puisent de l'eau dans le lac alors qu'il y a des corps qui continuent à être découverts dans ce même lac.
" Il y a d'autres corps qu'on n'a pas encore retrouvés parce qu'il y a des ménages qui ont été engloutis. Et de ce fait, nous craignons, c'est vrai qu'il y ait risque d'un développement de plusieurs maladies d'origine hydrique parce qu’il y a la fourniture en eau potable qui a été déstabilisée dans plusieurs endroits dans les aires de santé de Bushushu et Nyamukubi. Les rescapés et les autres qui sont encore sur place vont puiser de l'eau sur le lac alors qu'au niveau du lac, ily a des corps qui continuent à être découverts. Dans l'avenir, nous avons une crainte qu'il y ait des épidémies"
Puanteur des corps en décomposition
Bertin Kalembe, habitant de Mwimbiri s'est plaint des odeurs nauséabondes derrière sa maison pendant qu'il retournait sa canne dans les immondices entassées sous un pont.
« De nombreux corps sont encore ici. Ce sont des gens qui s’abritaient malheureusement, ils ont été coincés ici par les inondations, ensuite, ils ont été recouverts par la boue. Regardez toutes les mouches ici. C’est l’odeur qui nous a alertés. D’ailleurs la santé de mes enfants se dégrade. Ils ont de la fièvre, ils toussent, et je crois que c’est à cause de l’air ambiant », explique-t-il à un envoyé spécial de RFI à Kalehe.
Par ailleurs, les secouristes ont plaidé pour un renfort sanitaire. Ils ont demandé la sécurisation de la zone touchée pour éviter à la population de contracter des maladies.
"Le site ici doit être sécurisé, protégé pour que les gens ne puissent pas l'envahir au risque de contracter les maladies. Il y a un besoin d'ordre sanitaire dans le milieu déjà. Il faut prévoir ce qu'il faut faire parce que nous sommes en train de gérer la catastrophe et il y aura une gestion post catastrophe pour prévenir les maladies et risque possible" .
" Pour les survivants, le traumatisme est immense, insistent les professionnels de santé. Un traumatisme qui n’est pas encore pris en charge. Aujourd'hui, c'est la grande urgence. Il faut s'assurer que les acteurs de terrains soient présents physiquement avec des équipes et du matériel pour garder ces personnes en vie".