L'emploi, un défi pour les jeunes de Kinshasa, mégalopole de plus de 10 millions d’habitants. La particularité de la capitale de la RDC en cette matière reste sans doute le taux tellement élevé du chômage que peu des statistiques officielles n’en font mention. Selon des données du Programme des Nations unies pour le développement datant de 2005, le taux de chômage en RDC s’élevait à 15%.
L'office national pour l'emploi manque des moyens techniques, humains et financiers pour établir des statistiques fiables selon le centre Alter.
Sur ce chemin rocailleux vers un emploi, certains arrivent à trouver leur compte. Sarah Kinkadi, 24 ans, est diplômée de l'Institut Facultaire des Sciences de L'information et de la Communication. Elle exerce les fonctions de secrétaire à la direction générale de la société de microfinance IFOD (Institution Financière pour les Œuvres de développement).
Sarah a intégré cette entreprise comme stagiaire depuis il y a trois ans. Inexpérimentée à ses débuts, elle estime avoir été recrutée pour ses compétences.
"J'ai commencé comme stagiaire dans le marketing de proximité. La banque, nouvellement créée avait besoin de se faire connaître auprès de potentiels clients et nous descendions dans la rue pour sa présentation et celle de ses différents produits", raconte-t-elle.
Sarah avait alors un contrat de performance : ramener les plus des clients possibles à la nouvelle institution financière pour pouvoir prolonger son stage professionnel. Pari gagné pour celle qui deviendra par la suite agent marketing à IFOD.
« L'institution n'a posé aucune exigence sur une quelconque expérience professionnelle pour l'étudiante que j'étais à l'époque », se réjouit-elle aujourd'hui.
Formée par cette institution financière, Sarah avoue avoir eu du mal à s'adapter au poste à ses débuts, loin de son domaine de prédilection qui est la communication.
"Mon intégration n'a pas été facile, dans mon domaine d'études il y a plus la littérature que les chiffres. Je n'ai pas mis assez longtemps pour prendre mes marques, je suis plus administrative que dans les chiffres", précise-t-elle aussitôt avant d'indiquer avoir suivi une formation d'assistante de direction.
Pour aider les jeunes à s’épanouir, Sarah Kinkadi pense que les entreprises devraient faire confiance aux jeunes qualifiés sans une longue expérience professionnelle.
Quand on ne trouve pas, on crée
Beaucoup de jeunes consacrent énormément du temps à chercher un emploi formel. Lorsqu’ils n’arrivent pas à décrocher l’emploi qu’ils cherchent, des nombreux jeunes tentent leur chance dans le secteur informel pour des raisons évidentes de survie. D'autres également, après plusieurs échecs à devenir employés se lancent dans l’entrepreunariat.
C'est le cas d'Herman Miense, 25 ans, journaliste de formation. Après l’obtention de sa licence en Sciences de l'information et de la communication, ce jeune ambitieux enchaîne une série de stages professionnels à la RadioTélévision Nationale puis au Studio Hirondelle RDC de la Fondation Hirondelle, ayant pour mission d'aider les médias en zones des conflits. Aucune des deux institutions ne va le retenir. Commence alors un pénible parcours de dépôts de candidature à l'embauche dans plusieurs entreprises de Kinshasa. Lassé de ne pas trouver du travail, il se résout au début de 2019 à créer un site internet d'informations générales dénommé expressactu.net, à la suite d'une conférence sur le leadership et l'entrepreneuriat à laquelle il a assisté. La séance est animée par des jeunes entrepreneurs au collège Boboto.
Les défis sont colossaux pour le jeune entrepreneur qu'il est aujourd'hui mais il ne baisse pas les bras. "Mensuellement nous dépensons jusqu'à 400$ USD (640.000 francs congolais) pour la connexion internet, le loyer et transports. Touché par mon courage, quelqu'un que je connais personnellement a tenu à me sponsoriser par le truchement de son entreprise. C'est le groupe DIKIN, une société spécialisée dans l'achat et vente de diamants de l'homme d'affaires Didi Kinuani", explique Herman Miense.
Expresseactu.net vise la promotion de la jeunesse congolaise où qu'elle se retrouve. Herman garde toujours espoir de pouvoir voir son entreprise devenir un empire dans l'avenir.
"Notre site est une tribune d'expression de la jeunesse. Nous espérons voir venir plus d'annonceurs s'afficher sur notre site afin de gagner plus et prospérer dans les prochains jours", dit-il confiant en l’avenir.
Selon les récentes statistiques de la Banque Mondiale, si rien n'est résolu, près de 40 millions de personnes seront au chômage en RDC en 2025 en l'occurrence des jeunes d'entre 20 et 40 ans. Les secteurs pourvoyeurs de croissance seront enregistrés dans les mines, les télécommunications, la manufacture et les services.
Le projet national pour l'emploi des jeunes (Proyen) créé en 2012 a eu tout le mal du monde à décoller faute de financements. Il avait pour objectifs la promotion de l'emploi des jeunes et le financement des projets de jeunes entrepreneurs du pays. L'Office national pour l'emploi continue d'octroyer les cartes de chômeurs à conditions d'être qualifié et avoir 16 ans. Pour des emplois que très peu de jeunes seulement arrivent à trouver.