Kenge est une nouvelle ville. Elle manque beaucoup d'infrastructures de base pour se développer rapidement. Quelques restaurants de renom essaient de se distinguer du milieu. Les plus reconnus de la ville sont ceux de Felly Ngumbu et Mohammed.
Felly Ngumbu, la cinquantaine révolue tient un restaurant sur le très réputé boulevard Lumumba. Son restaurant présente une particularité, on y prépare de la nourriture locale et des plats exotiques.
"Chez moi, on mange vite et chaud. J'ai des variétés locales comme le poisson thon, la chenille, la courge, le champignon ou le mikungu et de la viande boucanée. Je prépare aussi des vivres frais venus de la capitale", détaille Felly Ngumbu de servir les nombreux clients présents dans ce restaurant.
Un habitué du restaurant, Michel Kasuwa a été conquis par deux choses de chez « Maman » Felly:" Ça fait deux ans que je mange régulièrement dans ce resto. Je le préfère d'abord pour l'accueil réservé aux clients et aussi pour le riche menu présenté. La cuisine est bien faite et ça convainc. J'aime de la nourriture bio et j'en trouve ici, je mange les champignons, le fumbwa et les chenilles", affirme cet enseignant de l'Université du Kwango après avoir vidé son plat.
Felly Ngumbu ne se limite pas seulement à préparer la nourriture locale ou exotique, elle a un autre service qui peut coûter un peu plus cher. Le client peut commander un plat de son choix qui n'est pas dans le menu du jour. "Pour la plupart des cas ce sont des poissons frais qui sont recommandés, alors je dépêche un travailleur le chercher chez les riverains et on prépare sur place pour le client. Un plat pareil avec accompagnements peut aller jusqu'à 30.000fc (20$ USD)" fait-elle savoir. Mais le plat le moins cher s’obtient à partir de 1.000 FC.
Maman Felly dispose du matériel de cuisine moderne et d’un service traiteur qu'elle gère avec sa jeune sœur. Felly restaurant existe depuis 2007 alors que Kenge était encore un territoire de la province du Bandundu.
Mohammed et sa viande de chèvre
Un groupe d’ouest-africains s’est installé dans cette petite ville de Kenge pour le commerce. Mohammed Kalidou en fait partie. Un cuisinier hors-normes qui a fait de la cuisson de la viande de chèvre sa spécialité. Mohammed tient deux stands de "Nganda Ntaba" dans la ville, près d’une longue suite des bars et terrasses. Pour manger vite, il faut passer sa commande bien plus tôt au regard du nombre élevé de ses clients.
Sa viande assaisonnée est découpée en petits morceaux.
Richard, l'un des cuisiniers de Mohammed, surveille le feu pour s’assurer que la viande est cuite selon la commande du client. Lorsqu’on l’interroge sur les épices qui accompagnent sa viande, Richard botte en touche. Mais on peut voir de l'oignon, un peu de poivron, du céleri et de l’ail. Emballé dans un papier marron dur, le plat est mis au feu sur un gros gril posé sur un grand tonneau.
Trésor, le client venu de Kinshasa qui attend son plat, s'impatiente. Il ne sera servi qu’au bout de trois quarts d'heure.
"Quand je suis arrivé à Kenge, mes collègues m'ont demandé de ne pas quitter la ville sans avoir pu goûter la chèvre de Mohammed. C'est moins cher et très bien fait par rapport à certains coins de la capitale. C'est la toute première fois et j'ai été séduit, je reverrai mon budget à la hausse pour continuer de manger le temps de mon séjour ici", se satisfaisait ce jeune homme en mission de service.
La ville n'attire pas assez des touristes comme sa voisine Kikwit par manque de plusieurs infrastructures de base et l'inaccessibilité des milieux reculés, Richard souhaite pouvoir gagner plus de son travail chez Mohammed. Atteindre jusqu’à dix chèvres par jour. Mais pour l’heure il n’abat que deux chèvres.