Le RAM, Registre des Appareils Mobiles est un service mis en place par l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC) depuis 2020. Le RAM a pour mission principale de lutter contre la contrefaçon et le vol des appareils mobiles. Souscrire à ce service a un coup, ce qui ne plaît pas à une importante frange de la population. Beaucoup de produits contrefaits circulent dans le marché congolais sous l’œil impuissant des autorités congolaises. L’ARPTC se lance contre la contrefaçon des appareils mobiles présents en RDC mais la population ne maîtrise pas encore les mécanismes pour détecter de faux téléphones et continuent d’acheter des appareils mobiles sans demander plus de détails auprès de leurs vendeurs.
Le RAM constitue le registre central de tous les appareils mobiles qui se retrouvent en RDC et contient la base de données de tous les IMEI connectés aux réseaux congolais. IMEI est l’acronyme de International Mobile Equipment Identity. Constitué de 15 à 17 chiffres, il est considéré comme l’identité du téléphone permettant de connaître sa provenance ou encore comment le bloquer ou le débloquer. L’IMEI est aussi utile pour qu’un opérateur autorise ou non l’accès à son terminal.
Pour connaître le statut de son appareil, l’ARPTC recommande suivre un processus. Taper sur le clavier du téléphone le code *#06# et l’IMEI apparaîtra. Il est constitué d’une série de 15 chiffres. « Le numéro IMEI peut aussi se trouver au dos de l’appareil, sous la batterie, sur l’étiquette du coffret d’emballage ou sur la facture d’achat ». Envoyer ensuite les 15 chiffres par message au 470 ou en l’insérant sur le site ici. Toujours selon l’ARPTC, si l’IMEI est supérieur ou inférieur à 15 chiffres, c’est un appareil mobile contrefait. Si le téléphone est conforme aux normes, il est écrit ceci dans le message : « Votre appareil est original/conforme et est dans la catégorie 2G, 3G ou 4G. Votre prochaine échéance est le… » et indique la marque du téléphone en bas. Il faut signaler que les critères de conformité d’un téléphone mobile ne sont pas clairement définis.
Constat sur terrain
Nous nous sommes rendus à l’immeuble Botour et ses environs, centre névralgique de vente des appareils mobiles à Kinshasa. De nombreux vendeurs se partagent une shop. Une dame est assise devant l’étalage de M. Richard qui est venue pour une réclamation et deux autres femmes qui se renseignent sur les prix de plusieurs marques sur le comptoir. M. Richard essaie de les convaincre : « Ce téléphone est une pièce rare, c’est original », explique ce monsieur alors qu’il démontre la qualité de la caméra à ses deux clientes un peu hésitantes. Les deux dames finissent par tomber sous le charme du « Samsung Grand » qui leur a été vendu à 40 USD après d’âpres négociations. La plus jeune passe un checking rapide et semble être satisfaite. Elle oublie que le téléphone peut être un « faux ».
« Savez-vous si ce téléphone rentre dans les critères du RAM de l’ARPTC ? », lui demande-t-on à la sortie de la boutique. « Nous lui faisons confiance, il semble être un papa sérieux. Et nous ne savons pas comment vérifier cela. A part les messages incessants qui nous parviennent via nos réseaux, rien de plus explicite », commente la dame en train de marcher. Nous relevons ensemble le numéro IMEI et ce téléphone était conforme.
M. Richard également demeure ignorant au fonctionnement du RAM, il ne prend pas soin de vérifier ses marchandises avant de les vendre et pense que tous ses appareils sont des originaux. « Je n’ai jamais connu un problème où un client revient avec un téléphone qui a connu un problème avec le RAM, tous mes produits sont originaux. Il suffit d’acheter un téléphone, y placer la carte SIM et tout marchera normalement », relate-t-il alors qu’il faut souscrire au service.
Nous avons pris le soin de vérifier les IMEI de quelques téléphones vendus par M. Richard, tous étaient conformes d’après les messages de l’ARPTC nous parvenus.
Nous nous rendons également dans la galerie PACHA à côté de l’hôtel Memling, on y vend également des appareils mobiles. De nombreux acheteurs face aux acheteurs et personne ne pose le problème du RAM. Beaucoup se limitent à voir la qualité de la photo et l’espace de stockage de l’appareil. « Le RAM m’importe peu, je vois en premier lieu le design, la qualité de l’image et le stockage. Si le gouvernement veut résoudre le problème de la contrefaçon il sait à qui s’attaquer directement et pas aux pauvres personnes que nous sommes. Nous n’avons assez de moyens pour nous acheter de vrais téléphones », explique Bibiche qui a choisi un IPhone 7 plus Gold pour lequel elle mène de discussions pour l’obtenir à 230 USD. Comme à la première boutique, nous relevons quelques IMEI et les avons envoyés au 470, tous les autres appareils étaient conformes.
Un problème se pose
En 2018 la firme sud-coréenne Samsung avait fermé ses portes en RDC. L’une des principales raisons de ce départ fut l’écoulement de nombreux produits contrefaits de la firme sur le marché Congolais. Vendus à bas prix, ces appareils contrefaits sont très prisés par les Congolais. « La vente des produits Samsung ici n’a pas rencontré leurs critères qu’ils établissent dans le monde entier pour maintenir leurs compagnies ouvertes ici en RDC. J’ai aussi appris des représentants de Samsung ici qu’il y a beaucoup de produits Samsung contrefaits dans le pays », se plaignait l’ambassadeur sud-coréen M. Ki-Chang Kwon se refusant de citer le pays où provenaient les produits Samsung contrefaits pour éviter une crise diplomatique alors qu’il annonçait le départ de la firme de la RDC.
Nous nous penchons particulièrement sur une marque haut de gamme Samsung, le S10 4G une Sim. Dans l’une des boutiques à Botour dans la commune de la Gombe, ce téléphone neuf se négocie entre 250 USD et 300 USD alors que dans plusieurs boutiques du monde ce téléphone n’est pas en-dessous de 400 USD. Nous relevons l’IMEI du téléphone et l’envoyons au 470, le téléphone est jugé conforme.
Nous nous sommes procurés un autre téléphone, de marque Tecno, jugé contrefait par les services techniques ici présents à Kinshasa. Nous relevons l’IMEI de ce téléphone et nous l’envoyons également au 470, ce même téléphone est jugé également conforme à l’utilisation par l’ARPTC.
De personnes se plaignent également du montant prélevé par les sociétés des télécoms après avoir souscrit au service. Pour les appareils de la 3e et 4e génération (3G et 4G), l’ARPTC prélève le crédit dans le compte équivalant à 1.17 USD et 0.17 USD pour ceux de la 2e génération (2G). De nombreuses personnes ont relevé des anomalies quant à ce processus, les opérateurs retirent pour la plupart des montants plus élevés que recommandés.